Ier millénaire ap JC.
Les Séleucides
La monarchie
séleucide a duré de 312 à 64 avant J.-C. Du Bosphore à l’Inde, leur royaume
regroupe d’immenses territoires aux frontières mal définies et mal
défendables (surtout au nord et au nord-est). Le fondateur de la dynastie,
Séleucos Ier Nicator (env. 358-281 av. J.-C.), était le fils d’Antiochos, un
des généraux de Philippe II de Macédoine. Il fut assassiné en 281 av JC. Le
royaume séleucide connaît alors sa plus grande extension.
Antiochos Ier (281-261), associé au pouvoir dès 294, ne put empêcher la
formation de royaumes indépendants sous l’autorité de dynastes indigènes
autour de Pergame.
Antiochos II Théos (261-246) mène la seconde guerre de Syrie de 260 à 255.
Il s’occupe fort peu des régions orientales où le satrape de Bactriane se
dégage de l’autorité royale. Séleucos II (246-225) gagne son surnom de «Kallinikos»
en luttant contre Ptolémée III Évergète. Après Séleucos III (225-223), le
pouvoir revient à son frère, âgé de dix-neuf ans environ, Antiochos III. Son
long règne de trente-six ans.
La fondation de cités. Séleucos Ier donna l’exemple en fondant près de
soixante-dix cités, dont seize Antioche (du nom de son père). Après le règne
d’Antiochos Ier, les fondations se raréfient pour reprendre sous
Antiochos IV Épiphane. La région la plus urbanisée fut la Syrie du Nord avec
les quatre grands centres: Antioche sur l’Oronte, le port de Séleucie de
Piérie, Apamée, place forte et centre des haras royaux, et Laodicée-sur-Mer,
le second port du royaume.
Antiochos III inquiète Rhodes et surtout Pergame dont les plaintes alarment
Rome. La guerre éclate en 192. Elle trouve son dénouement à la bataille de
Magnésie du Sipyle (189) que remportent les Scipions. Au traité d’Apamée
(188), Antiochos III abandonne toute l’Asie en deçà du Taurus. En 187,
Antiochos III disparaît misérablement dans une embuscade en Susiane où il
venait de piller un temple.
Séleucos IV (187-175), au règne terne et mal connu, eut pour successeur son
frère, Antiochos IV Épiphane (175-164)
Soumise à la volonté de Rome, la dynastie séleucide connaît encore un siècle
d’une existence misérable; partagée entre deux branches rivales d’une égale
médiocrité, elle s’entre-déchire en d’affreux drames familiaux pour la
possession d’un royaume sans cesse plus réduit et plus faible.
Les Parthes.
Dans la
première moitié du IIIe siècle avant J.-C., des tribus scythes font
irruption en Iran. Conduits par Arsace, qui donnera son nom à la dynastie,
ces nomades vont profiter de l’incapacité des Séleucides à maintenir leur
autorité sur les régions orientales, pour s’y implanter. Le véritable
fondateur de l’Empire arsacide fut Mithradate Ier (171 env.-138 env.). C’est
avec lui que les Parthes envahirent les régions de l’Ouest, causant le
départ précipité d’Antiochos IV Épiphane (175-164), de la Palestine vers
l’est. Mithradate s’empare de la Médie, il s’avance en Mésopotamie et entre
dans la cité royale de Séleucie (141) où il est reconnu comme roi.
Démétrios II, roi séleucide, repartit en guerre en 140, mais il fut capturé
vivant par les Parthes en Mésopotamie et envoyé à Mithradate. Démétrios II
essaya en vain de s’évader par deux fois. Son frère Antiochos VII (138-129)
remporta plusieurs victoires sur les Parthes et, s’étant rendu maître à
nouveau de la Babylonie et de Suse, s’installa en Médie et proposa la paix
au roi parthe Phraate II (vers 138-128). Phraate II périt en combattant des
Sakas à l’est. Ce sera aussi le sort de son oncle et successeur Artaban Ier
(127-124 env.).
Les guerres avec Rome. Les menées des Romains en Mésopotamie furent
davantage couronnées de succès, au cours du IIe siècle après J.-C. Du côté
parthe, l’affrontement avec les Romains obligea le roi des rois à déplacer
sa capitale de Parthie en Babylonie, où fut créée Ctésiphon pour des raisons
stratégiques. La première campagne importante fut due à Crassus en 54 avant
J.-C. Près de Carrhes, l’infanterie romaine fut détruite en grande partie.
dans laquelle Crassus et Octavius trouvèrent la mort. La deuxième campagne
en Arménie conduite par Antoine fut, elle aussi, un désastre: en 36. La
période suivante fut très troublée. Les dissensions et les meurtres à
l’intérieur de la famille royale deviennent monnaie courante, affaiblissant
l’autorité du pouvoir central qui n’arrive plus à s’imposer aux nobles et
aux grands.
Sous Vologèse Ier (51 ou 52-79 ou 80), le pays tomba finalement tout entier
aux mains des Romains, qui y placèrent un gouvernement à leur gré. Après de
nouvelles péripéties, Vologèse reprit l’avantage et les deux adversaires
entamèrent des négociations. Frapper le cœur même des cités de l’Empire, le
centre vital de l’économie et de la direction politique et administrative
devient le nouvel objectif de Rome. Ainsi la conquête de l’Arménie par
Trajan, qui en fit une provincia romana, fut-elle suivie de la prise de
Ctésiphon en 115-116. Les expéditions de L. Verus en 165, puis de Septime
Sévère en 197-198 contre Séleucie-Ctésiphon contribuèrent à la ruiner de
plus en plus. Parallèlement, se poursuit la dégradation de l’autorité
monarchique, due en partie aux conditions sociologiques qui seront exposées
ci-dessous. Dès lors, le désordre qui s’installe dans le pays profitera aux
Perses d’Ardachir, qui tuera de sa propre main le dernier des Artaban, comme
on peut le voir encore aujourd’hui à Naqs i Rustam, sur un relief
d’investiture du premier Sassanide .
L’art parthe, qui ne devient un art original qu’aux alentours de notre ère,
présente plusieurs innovations: les historiens s’accordent à reconnaître,
par exemple, le rôle joué dans l’architecture par l’iwan, sorte de
construction carrée possédant une ouverture très large sur le devant, et
couverte d’une voûte utilisée alors sur de grandes portées. La
généralisation aussi de la loi de frontalité qui bannit complètement la
représentation de profil des personnages est spécifique des œuvres parthes.
Les Sassanides.
Le règne en
Iran des Perses Sassanides, arrivés au pouvoir en 224 après J.-C. et restés
maîtres d’un immense empire jusqu’au milieu du VIIe siècle, peut être
considéré comme une transition entre l’Iran hellénisé des Parthes imprégnés
de culture grecque et l’Iran islamisé pénétré par la culture arabe.
C’est à Istaxr, en Perside, qu’Ardachir, petit-fils de Sasan, l’éponyme de
la dynastie, et fils de Pabag, attaché au temple d’Anahita, fomenta une
révolte, puis battit et tua le Roi des rois parthe Ardavan IV dans la plaine
d’Hormizdagan en 224. Il soumit la Babylonie et la capitale de
Séleucie-Ctésiphon, ainsi que d’autres provinces de l’empire. Son fils,
Shabuhr Ier (241-272), tout en consolidant le nouvel empire, s’illustra par
plusieurs victoires remportées sur les Romains. Sous Ardachir et Shabuhr
furent édifiées de nouvelles cités, portant le nom de ces souverains. Ainsi,
Shabuhr fonda en Perside Veh-Shabuhr (ou Bichapour), Nev-Shabuhr (ou
Nichapour) en Parthie. Kirdir est une autre figure célèbre du IIIe siècle.
Il fut l’organisateur, sinon le fondateur, d’un zoroastrisme d’État, dont il
devint le chef suprême. Il employa toute son énergie à développer le culte,
à accroître le clergé, à établir partout des temples du feu.
Les circonstances de la fin de Kirdir demeurent obscures; on peut se
demander s’il conserva sa charge ou s’il mourut avant l’usurpation de Narseh
(293-302), oncle de Vahram II, qui profita de la présence sur le trône, en
293, du mineur Vahram III pour le renverser. Après une période assez
troublée, son règne semble avoir ramené la paix et marqué la fin des
persécutions allumées par Kirdir, après les défaites que lui firent subir
les Romains en Arménie, car le traité de paix qui avait été conclu en 298
pour quarante ans fut respecté par Ohrmazd II (303-309), roi réputé pour sa
douceur et sa justice.
Le long règne du successeur d’Ohrmazd II, Shabuhr II (309-379), fut marqué
par de nouvelles guerres contre Rome et par la reprise des persécutions
contre les chrétiens.
Les chrétiens eurent encore à souffrir de Mihr-Narseh, ministre de Yazdigird
Ier (399-420), et après le règne du très populaire Vahram V (421-438). Sous
Valaxsh (484-488), l’Église de Perse devint tout entière nestorienne et
autonome. Les persécutions s’apaisèrent, car les rapports entre l’Église et
l’État en furent améliorés. Mais l’ordre social fut troublé à nouveau sous
Kavad Ier (488-497). Kavad fut détrôné et emprisonné dans la «forteresse de
l’Oubli»; il réussit à s’en évader et il reprit le pouvoir (499-531).
À la faveur de la paix religieuse et grâce à deux rois sages et
réformateurs, le VIe siècle est la période la plus brillante de l’histoire
des Sassanides. Xusro Ier Anushirvan (531-579) entreprit de profondes
réformes. Les fastes de la cour du petit-fils de Xusro, Xusro II Abarvez
(591-628), sont restés célèbres. Xusro II, guerroya jusqu’à Jérusalem, où il
s’empara de la sainte Croix qu’il rapporta à Ctésiphon, et poursuivit ses
conquêtes jusqu’à Alexandrie en Égypte. Mais Héraclius lui fit subir plus
tard de dures défaites en Asie Mineure, en Arménie, et alla jusqu’à assiéger
Ctésiphon d’où Xusro dut s’enfuir. La mort de ce dernier qui intervint peu
après fut suivie de règnes éphémères et de troubles, à la faveur desquels
les armées arabes, dès 636, déferlèrent sur l’Iran.
La péninsule arabique.
Jusqu’au Ier
siècle avant notre ère, l’histoire de l’Arabie du Sud est dominée par les
États des piémonts. Parmi les nombreux sites de la région minéenne, on peut
citer la capitale, Qarnaw, as-Sawda et Baraqesh. Marib était la capitale du
royaume de Saba, dont faisaient également partie Sirwa et Yala. Vers la fin
du IIe siècle avant notre ère, la fondation de l’État himyarite avec sa
capitale à Du Raydan, l’actuelle Zafar, marque l’apparition du plateau sur
la scène politique sud-arabique, mais ce n’est que vers 300 après J.-C. que
l’unification des plateaux et des piémonts fut réalisée sous la direction
himyarite. Le commerce, et particulièrement celui de l’encens, est
généralement considéré comme l’origine de la richesse de ces États.
Dès l’époque classique des royaumes du piémont, les villes sud-arabiques
atteignent plusieurs dizaines d’hectares. Elles sont ceintes de
fortifications de pierre en bel appareil de grande taille, ornées
d’inscriptions dédicatoires, flanquées de tours et de bastions
quadrangulaires et de portes monumentales. À l’intérieur, des maisons à
fondation de pierres et superstructures en pierre ou en brique crue
s’élevaient sur plusieurs étages, ainsi que des palais et des temples.
Les travaux hydrauliques sont spectaculaires. Le plus connu est la digue de
Marib, longue de 600 mètres et haute d’une quinzaine de mètres, parfois
considérée comme le plus ancien barrage. La date de cet ouvrage reste
vivement controversée, entre le VIIIe et le Ier siècle avant notre ère, et
sa destruction à la fin du VIe siècle après J.-C. est mentionnée dans le
Coran.
Les tombes sud-arabiques sont généralement des constructions souterraines à
chambres multiples, comme la nécropole de Timna, construites ou creusées
dans le rocher, voire dans les sédiments des terrasses alluviales.
L’abondance d’œuvres d’art sculptées n’est pas l’un des moindres aspects de
la civilisation sud-arabique, mais là encore se posent de complexes
problèmes d’attribution chronologique et géographique. Les panneaux décorés
de fines incisions représentant des frises d’animaux et de prêtresses
associés à des éléments végétaux qui ornent les dalles des temples minéens
du Jawf sont certainement parmi les plus anciens témoignages de cet art. La
statuaire est exceptionnellement riche, isolée ou ornant des stèles
funéraires. Aux plus anciennes périodes peuvent être rapportées de
nombreuses statuettes en albâtre ou en pierre tendre, avec des éléments
rapportés (yeux, chevelure, barbe, etc.) en matériaux divers.
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Buste d'un roi
sassanide
Vè - VIIIè siècle ap JC, Iran. |
Tête féminine,
IIIè - Ier siècle ap JC. Arabie du Sud. |
Découvrez
une sélection d'oeuvres |
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Palmyre.
Palmyre se
trouve dans une situation géographique avantageuse, à égale distance des
riches plaines du «Croissant fertile»: plaine du Hauran, oasis de Damas,
vallée de l’Oronte, plaine d’Alep et vallée de l’Euphrate. Habitée dès la
préhistoire, l’oasis reçut le nom de Tadmor, mot probablement d’origine
présémitique.
Tadmor était devenu un centre important qui, au Ier siècle avant J.-C.,
«cherchait en Perse les produits de l’Inde et de l’Arabie, pour les revendre
chez les Romains», selon le témoignage d’Appien. Palmyre perdit sa liberté
au début de l’Empire: Germanicus, honoré dans une dédicace de l’année 19 de
notre ère, fixa le premier tarif douanier.
En 106, l’éviction de son rival le plus dangereux, Pétra, permit à Palmyre
de détourner à son profit une partie du trafic de Pétra, tandis qu’elle
drainait, du fait de sa position, les importations en provenance de
Mésopotamie. L’époque des Antonins marqua l’apogée de la prospérité de
Palmyre.
Vers 129, Hadrien visite Palmyre, alors à l’apogée de sa puissance
économique. La ville se transforme: le temple de Baalshamîn est rebâti par
Hadrien, le sanctuaire de Bêl est achevé, de nouveaux tombeaux s’élèvent.
Mais, surtout, l’urbanisme s’ordonne autour de la reconstruction de l’agora.
L’ampleur des nécropoles indique la place tenue par le culte des morts, qui
reste cependant mal connu. Sommairement momifiés, les corps étaient déposés
dans des tombes, dont le tombeau-tour représente la forme la plus originale
. Ces tombeaux pouvaient recevoir des centaines de défunts, et ce sont eux
qui nous ont conservé les meilleurs témoignages de la sculpture
palmyrénienne, après la disparition des statues de bronze qui ornaient la
ville. En effet, les loculi étaient fermés par des dalles carrées sur
lesquelles se détachait le buste du défunt. Sur d’innombrables exemplaires
de ces bustes, hommes ou femmes portent le lourd costume drapé et richement
brodé des Orientaux; les femmes sont parées de bijoux dont la taille et
l’accumulation correspondent bien au goût chargé des nomades du désert.
Depuis la guerre de 161-166 entre Romains et Parthes, la vie de Palmyre est
profondément affectée: englobée dans le dispositif défensif romain, Palmyre
perd son rôle privilégié d’intermédiaire sur la route de l’Euphrate.
Par les activités militaires comme par les activités commerciales, Palmyre
entrait de plus en plus dans le monde romain, et recevait en échange une
promotion juridique: de ville libre, elle devenait colonie romaine sous
Caracalla, et bénéficiait du rare privilège du jus italicum, ce qui
l’exemptait de l’impôt foncier.
Cependant, la disparition des Sévères en 235 et l’ouverture d’une longue
période de relâchement de l’autorité romaine profitèrent aux grandes
familles de Palmyre. En 267-268 Zénobie, conseillée par le philosophe Longin
et le chrétien hérétique Paul de Samosate, profite de l’anarchie du monde
romain pour s’emparer de la Syrie, de l’Égypte et d’une partie de l’Asie
Mineure. Mais l’empereur Aurélien brisa cette ambition en deux campagnes, en
272 et 273: Palmyre, d’abord ménagée, fut mise à sac et incendiée, tandis
que Zénobie et son fils prenaient en captifs le chemin de Rome.
Palmyre ne devait jamais plus retrouver sa splendeur: à la fin du
IIIe siècle, Dioclétien en fit un élément du limes qui défendait l’Empire
face aux Perses.
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