Les Umayyades.
La
dynastie des Umayyades régna à Damas de 661 à 750
et à Cordoue de 756 à 1031. Elle fut fondée par Moawiyya,
proclamé calife à Damas en 661 à la suite de sévères
luttes de clans. La première réalisation de l'architecture umayyade
fut le Dôme du Rocher, à Jérusalem. De forme octogonale,
avec coupole centrale, ce monument sacré et triomphal est construit
en 691. La grande mosquée de Damas (705-715) exercera une influence
prépondérante
sur le développement de la mosquée. Certains éléments,
tels que le minaret, y apparaissent pour la première fois et se voient
codifiés comme composants essentiels de l'édifice religieux.
La céramique, assez modeste au départ, est faite de simple argile,
au décor peint à l'engobe sous une glaçure de plomb. La
calligraphie en demeure l'ornement principal, sous forme d'inscriptions moralisatrices
ou de proverbes qui se concluent par des bénédictions fleuries.
Cheval. Iran. Suse.
VIII-IX ème siècle.
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Couvercle. Iran. Suse.
VIII-X ème siècle.
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Pichet. Iran. Suse.
VIII-X ème siècle.
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Les
Abbassides.
En 750 une nouvelle dynastie, celle des abbassides, renversa le pouvoir
umayyade
et transféra le pouvoir à Bagdad. Dès
le IXè siècle, sous les successeurs de Haroun
al Rashid, commença
le désintégration de l’unité politique.
Le Xè siècle
vit même l’installation pour un temps, en Espagne
et en Egypte, de deux califats rivaux de celui de Bagdad.
En 836, à la suite de troubles
graves causés par la garde turque du calife, une
nouvelle capitale fut crée à 130 km au nord
de Bagdad : Samarra. L’architecture,
en briques crues et cuites ou en pisé, s’orne
d’un décor
rapidement exécuté, en stuc mais aussi peint
sur enduit. Le décor
témoigne des impulsions nouvelles avec des motifs
d’origine végétale
stylisés tendant vers l’abstraction, sur lesquels
le procédé de
la « taille oblique » accuse les jeux d’ombre
et de lumière.
Dans la seconde moitié du IXè siècle, les potiers mésopotamiens
mirent au point une nouvelle technique de fabrication de la céramique.
Sur la pâte argileuse est posée une glaçure opacifiée, à l’origine
blanche, sur laquelle un décor peut être peint. La plupart des
motifs s’enlèvent en bleu profond, parfois rehaussé de
vert émeraude, sur le fond blanc. Les motifs décoratifs les plus
courants sont d’origine florale, tantôt traités de façon
abstraite, tantôt beaucoup plus évocateurs. (petit plat à la
grenade).
Un autre procédé de décor sur céramique, celui
du lustre métallique. Il se répandit très vite dans tout
le monde islamique et par la suite en Espagne et en Italie. L’objet subit
deux cuissons. Au cour de la première, en atmosphère oxydante,
sont cuites la pâte et la glaçure, le plus souvent opaque et blanche.
Le décor est ensuite peint avec des oxydes de cuivre et d’argent.
La pièce est alors recuite, à une température inférieure à celle
de la première cuisson, à l’abri des flammes directes et
en atmosphère réductrice. La glaçure se ramollit légèrement,
le manque d’oxygène permet la réduction de l’oxyde à l’état
de fines lamelles de métal pur qui s’incorporent à la
surface.
Au début de la période abbasside, deux types de décor
lustré furent utilisés : le lustre polychrome et le lustre monochrome.
Les motifs décoratifs, essentiellement floraux et géométriques,
s’ordonnent le plus souvent dans des compositions symétriques.
Très vite le lustre monochrome supplanta et remplaça définitivement
le polychrome. Les thèmes du décor changent, ils sont désormais
animaliers ou figuratifs. Un petit liseré en réserve cerne les
contours, les fonds sont meublés d’ocelles ou de mouchetures.
Les animaux, stylisés mais identifiables, s’inscrivent
en un savant jeu de courbes et de contre-courbes dans le
cadre, le plus
souvent circulaire.
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Plat
tripode. Iran, Suse. IX-Xème siècle. |
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Flacon.
Iran, Suse.
XI-XII ème
siècle. |
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Coupelle. Irak. Xème siècle.
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Les
Fatimides.
Au IXè siècle, un membre de la famille des Fatimides,
qui prétendait descendre de Fatima la fille du Prophète, se réfugia
au Maghreb. En 969 les rois fatimides conquirent l’Egypte et fondèrent
Le Caire. Les menaces des Croisés d’une part et des Turcs Seldjoukides
de l’autre amenèrent les califes fatimides à solliciter
l’aide de leurs alliés. C’est ainsi que Saladin venu au
départ comme défenseur de l’Egypte, rétablit en
1171 l’autorité du calife abbasside et fonda la
dynastie des Ayyubides.
L’art du bois présente, en particulier dans l’aspect vigoureux
et profondément taillé de sa sculpture, des réminiscences
de l’art mésopotamien. Au XIè siècle, l’art évolue
vers une tendance au pittoresque et à l’anecdotique. Les volumes
s’amenuisent, les détails sont finement regravés.
La céramique est l’une des grandes productions de l’époque
fatimide et le site de Fustat en a livré de nombreux témoins.
Les pâtes, encore argileuses au XIè siècle, s’enrichissent
peu à peu de silice, pour devenir vraiment siliceuses dans le courant
du XIIè siècle. La céramique lustrée était
particulièrement florissante.
L’Occident musulman.
En 711, les Arabes et les Berbères pénétrèrent
en Espagne et avancèrent à travers la péninsule jusqu’en
Gaule. En 756, Abd al Rahman Ier, prince umayyade de Damas ayant échappé au
massacre de sa famille par les Abbassides, fonda le califat umayyade d’Espagne,
avec Cordoue comme capitale. Après sa chute en 1031, une multitude de
principautés se partagèrent pour un temps le territoire. Deux
dynasties berbères, les Almoravides (1056-1147) puis les Almohades (1130-1269),
tentèrent en vain de sauver l’Espagne musulmane. Seul le royaume
des Nasrides de Grenade subsista, et ce jusqu’en 1492.
La période du califat est connue pour la somptuosité des arts
pratiqués dans la capitale et dans les résidences princières.
Toute une série de coffrets rectangulaires et de pyxides cylindriques,
exécutés pour les membres de la famille régnante, sortirent
des ateliers de Cordoue et de Madinat al Zahra. Des animaux d’assez grande
taille en bronze, au décor gravé, rendent compte de l’extraordinaire
vitalité de l’art espagnol.
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Aspersoir
à blason. XIIIe s.
Epoque fatimide.
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Lion à queue articulée.
Espagne
XII-XIIIè s.
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Pyxide
en ivoire.
Espagne.
968.
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Le
monde iranien Xè siècle – XIIè siècle.
En Iran oriental, plusieurs dynasties se succédèrent. Celle qui
a laissé le plus de vestiges est celle des Samanides (892-999), qui
régna sur un immense empire, avec Boukhara, en Transoxiane, comme capitale.
La production de céramique fut abondante. Sur une pâte argileuse
rose engobée, différents types de décors furent pratiqués,
mais la glaçure opacifiée, la couleur bleue et le lustre semblent
avoir été ignorés de ces régions très éloignées
de Mésopotamie. Parmi les techniques décoratives les plus en
vogue, il faut faire une place particulière au décor d’engobe,
peint avec des engobes colorés sur la pâte elle-même déjà engobée.
Les motifs se détachent en léger relief sous la glaçure
transparente. Toutes une série d’objets présentent un fond
blanc crémeux qui met particulièrement en valeur des motifs brun-noir
rehaussés de rouge brique, parfois animaliers, mais le plus souvent
floraux et épigraphiques.
L’Iran seldjoukide XIè siècle-XIIIè siècle.
Au Xè siècle, les Turcs Seldjoukides s’infiltrèrent
en territoire musulman. Leur progression aboutit, en 1055, à l’entrée
de leur chef à Bagdad, où le calife confirma son titre de sultan.
Les « grands Seldjoukides » se taillèrent un empire en Iran
et, à partir de 1071, pénétrèrent en Anatolie,
territoire resté jusque là byzantin.
Les différentes productions céramiques portent les noms des régions
du nord du pays. On attribue souvent à la région de Rayy une
production très simple, au décor finement gravé sur un
engobe crème, sous une glaçure transparente qui évoque
l’art du métal. Les motifs sont parfois végétaux,
mais le plus souvent animaliers. De la région d’Amol, proviennent
des coupes aux formes très variées. Des décors extrêmement
stylisés, peints en vert vif et rehaussés de fines gravures imitant
le guillochis, s’enlèvent sur un engobe crème.
La grande nouveauté reste la redécouverte par les potiers iraniens
de la pâte siliceuse, dont l’emploi, très répandu
en Egypte ancienne et en Mésopotamie, avait connu une éclipse
de plusieurs siècles. Le plus souvent très blanche cette pâte
permet la fabrication d’objets de très fine épaisseur,
souvent moulés. De nombreux objets, en pâte siliceuse, recouverts
de glaçure bleu turquoise, transparente ou opacifiée, illustrent
la diversité des formes et le goût des pays musulmans pour cette
couleur, facile à obtenir car à base d’oxyde de cuivre.
Une nouvelle technique semble naître en Iran vers 1170 (elle disparaîtra
avec la conquête mongole à partir de 1220) Il s’agit de
la céramique « haft-rang ». Le décor est réalisé selon
la technique de petit feu. Elle permet d’élargir la gamme chromatique à des
tons ne supportant pas la chaleur élevée. La pièce est
donc cuite deux fois, les pigments fragiles et le rehauts d’or étant
fixés au cours de la seconde cuisson. Les compositions évoquent
les plaisirs princiers, ils sont les témoins de ce que devait être
l’art de la miniature. (objets zoomorphes en céramique ou en métal)
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Coupe. Iran. Fin XII - début
XIIIè s.
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Bouteille aux oiseaux. Iran. 1216.
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Coupe
aux bouquets. Iran Kashan XIIIè s.
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Les
Mamluks, 1250-1517.
Saladin, le grand héros des croisades, instaura,
sur les ruines de la dynastie des Fatimides, celle des Ayyubides (1171-1250)
qui régna sur L’Egypte, la Syrie, la Haute Mésopotamie
avec le Caire comme capitale. En 1250, la garde d’esclaves du souverain
ayyubide (les Mamluks) renversa la dynastie. Ils présidèrent
aux destinées de l’Egypte, de la Syrie jusqu’en 1517. La
céramique, à pâte siliceuse, est recouverte d’une
glaçure parfois un peu opacifiée, mais le plus souvent transparente,
incolore ou colorée en bleu, turquoise ou même violet-aubergine.
La forme la plus habituelle est la coupe avec des motifs de fleur éclatée.
Mais il existe aussi des représentations animalières.
Le verre émaillé et doré est l’une des techniques
mise au point et perfectionnée par les maîtres verriers syriens à la
fin du XIIè siècle. L’objet en verre, une fois soufflé,
recevait un décor constitué d’émaux opaques vitrifiables
et d’or à la feuille ou finement pulvérisé. Les
formes sont variées : gobelets, aspersoirs, flacons.
A partir de la fin du XIIIè siècle et surtout au XIVè siècle,
l’art mamluk acquière une personnalité propre. Il se caractérise
en général par un aspect monumental. Parmi les thèmes
nouveaux du décor, il convient de signaler ceux d’origine chinoise
empruntés à l’art des Mongols qui gouvernent alors l’Iran
: le lotus et le phénix.
La production céramique dite de « Sultanabad » présente
un décor qui utilise une gamme restreinte de couleurs, bleu foncé,
vert, noir et gris. Des motifs floraux et épigraphiques sont le plus
souvent associés dans des compositions rayonnantes.
L’Iran
mongol, XIIIè siècle-XIXè siècle.
Vers 1218-1220 Gengis Khan entre en Iran qu’il dévaste. Après
sa mort, des querelles de succession secouèrent son empire, rassemblé à nouveau
en 1251 sous l’autorité de ses trois petits-fils.
La céramique
présente des formes assez lourdes et la palette est restreinte. Le décor,
très souvent des motifs animaliers, est soit peint sous glaçure,
soit traité à l’engobe blanc sur un fond d’engobe
coloré rehaussé de fins traits noirs, sous glaçure. Des
fleurettes, des fleurs de lotus et des feuilles trilobées parsèment
le fond.
La technique du décor de petit feu ou « haft rang » se perpétue
au XIVè siècle mais avec une palette différente et restreinte
: noir, blanc, rouge brique et or à la feuille découpé en
losanges, posés sur une glaçure transparente bleu nuit, ou bleu
turquoise opacifiée.
A la fin du XIVè siècle Timur i Lang modifia la physionomie du
monde iranien, en fondant un nouvel empire avec Samarkand comme capitale.
Une brillante civilisation se développa dans des villes comme Samarkand,
Bukhara, Herat. La céramique frappe par la finesse et l’éclat
de la blancheur de la pâte. L’esprit des miniatures de l’époque
est parfaitement interprété dans
de somptueux panneaux de revêtement.
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Bassin.
Egypte. XIVè s. Epoque mamluke
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Vantail
de porte (détail). XIVè s.
Egypte.
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Coupe
aux poissons. Iran. Début du XIVè s. Epoque mongole.
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Le
monde ottoman.
L’émirat ottoman, fondé au XIIIè siècle
par Othman, devint vite une puissance redoutable qui se rendit maîtresse
des territoires byzantins. Dès 1326, Brousse est la capitale de l’état.
Edrine est élevée au rang de capitale en 1382. En 1453 la ville
de Constantinople est prise. L’empire ottoman devint l’un des éléments
essentiels de l’équilibre européen. Soliman le magnifique
(1520-1566), organisateur et administrateur de grande envergure fit de l’empire
la première puissance méditerranéenne.
A partir du troisième quart du XVè siècle Iznik devint
le tout premier centre producteur de pâtes siliceuse blanche à décor
en camaïeu bleu et blanc. A partir de 1540 environ, un décor de
fleurs naturalistes apparaît. La jacinthe, la tulipe, l’églantine
et l’œillet composent le décor « aux quatre fleurs » qui
devient classique dans la seconde moitié du XVIè siècle
et orne les œuvres d’art de toutes techniques.
Vers 1530 les miniaturistes de l’atelier impérial mirent à la
mode le style saz. Le décor, le plus souvent un bouquet jailli d’une
touffe de feuillage, envahit tout l’espace de ses lignes souples et exubérantes
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